Co-développez-vous

Mars 2022 : je retrouve un brouillon de cet article, jamais terminé et oublié, dormant dans les archives de ce site depuis juin 2020. Je le publie donc avec près de 2 ans de retard, après l’avoir terminé, replacé en 2022 et enrichi avec mon regard d’aujourd’hui.

Retour sur une expérimentation collaborative qui mêle une pratique basée sur l’échange de pratiques, l’entraide et l’intelligence collective à un usage des métaphores, des questions qui grattent et une pincée de cette fameuse « transformation digitale »

C’est la pratique du « co-développement professionnel », ou « codev » que l’on doit à Claude Champagne et Adrien Payette, qui est au cœur de cette expérimentation.

« Le codev, c’est trop bien »

Moi.

C’est une pratique que je trouve aussi puissante que réjouissante. Réjouissante parce que puissante ET collective.

Dans le cadre du Diplôme Codesign (DipCo) j’ai conduit une « XP » (expérimentation). Cette XP a eu pour objet les possibles apports d’autres outils à l’approche traditionnelle du codev.

Est-il possible par des apports méthodologiques ou des outils complémentaire d’aider le groupe de codev à explorer efficacement les problématiques de ses « client.es » ?

Cette interrogation est née de la rencontre d’un constat et d’expériences de pratiques très différentes.

La puissance du codev est indéniable. Elle est cependant croissante, avec la maturité du groupe : chacun.e arrive avec des capacités & compétences propres pour écouter, poser des questions efficaces, formuler des feedbacks utiles ; se mettre au service du groupe sans jouer la carte de son propre ego. Chacun.e voit normalement ces compétences se renforcer avec la pratique, et le groupe devient de plus en plus « efficace ».
Chaque membre du groupe, client.e comme consultant.es, doit réussir à naviguer dans sa compréhension du sujet, exprimer constats et questions de manière constructive. Tout le monde n’est pas toujours d’emblée très à l’aise et efficace pour explorer une problématique par des questions de clarification utiles puis apporter des feedbacks pertinents. C’est un apprentissage du groupe, tout au long du cycle de plusieurs séances, aidé par son facilitateur.

En marge de ce constat, les « pratiques visuelles » sont au cœur de nombre de mes interventions : facilitation graphique, LEGO® Serious Play® ou photolangage, pour ne citer que quelques exemple : les représentations visuelles permettent de partager, synthétiser, mettre en perspective. Elles aident aussi à comprendre ce que les mots peuvent peiner à exprimer.
Le recours à des symboles et des métaphores en particulier, avec des cartes de photolangage, peut nous aider à élaborer notre pensée et notre compréhension d’un sujet, grâce à ce pas de côté que ces images permettent. La métaphore offre une forme de reflet et permet la création d’une sorte de boucle mentale entre moi et l’image, qui me permet de mettre des mots sur ce que je pense et finalement ne pas laisser les mots seuls façonner ce que je pense — avec le risque de la sur-intellectualisation.

Une autre source d’inspiration a été celle des approches de résolution de problèmes ou de prise de décision comme ORID, basé sur une exploration progressive de plusieurs champs (objectif, reflexif, introspectif, décisionnel).

A la croisée de cette interrogation (pourrait-on offrir un levier supplémentaires aux participants du codev) et de ces pratiques, l’envie de développer des usages de mon photolangage Mes Mots sont des Images a crée l’étincelle.

De mai à décembre 2020, j’ai eu la joie de réunir un groupe de camarades facilitatrices et coaches à qui j’ai proposé d’expérimenter une approche du codev à laquelle était intégrée l’utilisation du photolangage dans différentes séquences, de manière dirigée, ainsi que des cartes conçues pour aider le questionnement.

La forme comme le fond ont été terrains d’expérimentations.

La « forme », c’était la tenue de ces séances de codev en visio, ce qui était pour nous une première : durant ce premier confinement nous faisions pour la plupart nos premiers vrais ateliers à distance et j’étais jusque là convaincu qu’un codev ne pouvait sérieusement se faire qu’en présenciel.

Sur le fond, nous avons expérimenté plusieurs variantes, testant l’utilisation du photolangage à différents moment du déroulé, parfois pour la cliente, parfois pour les consultantes, parfois pour les deux selon les séquences. A chaque séance, des variantes ont été testées.
L’expérimentation a aussi porté sur un jeu de cartes de « questions qui grattent », utilisées dans la phase de clarification, tirées au hasard, soit pour être comme la voix d’une consultante supplémentaire le temps d’une question, soit pour aider une consultante en manque d’inspiration.

Avec le recul, quelques enseignements

Le photolangage n’a pas été gadget, loin de là. De là à dire qu’il nous a paru révolutionner la pratique, je ne m’y aventurerai pas. Ce pas de côté est toujours riche. Dans nos expérience, cependant, il me semble que son utilisation via Zoom contraignait à chaque fois à un retour à la technique (basculer sur un écran partagé ou sur Mural pour permettre à chacune de choisir son image) rompant avec la fluidité et la simplicité du cercle.

Je n’ai pas été tenté de réintroduire du photolangage dans du codev depuis, toutes mes séances s’étant faites en distanciel. J’aimerais cependant assez l’expérimenter à nouveau dans une séance en présenciel, quand son utilisation pourra se faire en préservant la simplicité du processus.

Les cartes de questionnement, de leur côté, sont un outil qui a clairement sa place avec un groupe plus débutant dans ce type de pratiques et pouvant d’autant plus profiter de cet apport. Ce n’est pas une découverte puisque nous les avons imaginées précisément en pensant à un groupe débutant.

En conclusion, je trouve intéressant de pouvoir jouer avec ce processus, en restant attentif à ce qui en fait l’essence pour que ce qui est prévu comme un enrichissement ne le dénature pas et ne l’affaiblisse pas.

Vous avez envie d’expérimenter le codev ou de monter un cycle dans votre organisation ou votre groupe de pairs ? Prenons contact pour en parler.

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