Cet article a été écrit initialement pour le blog de la communauté Facili-Talk.
Je le re-publie ici.
En écrivant pour la communauté alors au moment si symbolique du nouvel an, l’idée que nous arrivons à la fin de quelque chose et approchons du début d’autre chose est très présente. Il y a bien sûr la fin de année civile, période de bilans, de rétrospectives, mais plus symboliquement j’ai le sentiment qu’un cycle se referme.
J’ai eu cette envie de revenir sur cette année très particulière, au travers de mes propres expériences mais aussi de ceux d’autres facilitatrices et facilitateurs qui m’ont fait le plaisir de partager leurs expériences et bilans en répondant à quelques questions.
Penser à 2020 c’est d’abord penser à ce qu’il a fallu affronter en tant que facilitatrices et facilitateurs, mais aussi aux opportunités qui ont pu s’ouvrir.
Pour beaucoup de travailleurs indépendants, 2020 est une année qui a secoué l’activité. Qu’on la démarre en indépendant comme moi ou qu’on ait déjà ce statut, nous sommes nombreux à avoir affronté une difficulté accrue à prospecter ainsi que des reports de missions. Aussi, c’est une année qui aura marqué une baisse d’activité pour certain.es.
Au-delà des aspects économiques de cette baisse d’activité vous m’avez parlé d’ennui, de doutes, et de difficultés à focaliser l’énergie, l’effort ou l’attention. A titre personnel ces mots résonnent avec le début du premier confinement en France, ce sentiment de temps en suspension et cette impression d’être comme un lapin pris dans les phares d’une voiture.
Celles et ceux que j’ai interrogés ont, sans surprise, mis l’accent sur le bouleversement qu’a représenté l’impossibilité soudaine de faire des ateliers physiques, dans des salles, de visu. Nous avons assisté à « la transformation d’un métier qui paraissait fondé sur le présentiel ». La bascule vers le numérique s’est imposée pour toutes et tous, représentant 80 à 100% de l’activité de l’année pour mon échantillon de personnes interrogées.
Nous avons tous eu à faire ce travail, plus ou moins intense, d’apprentissage d’outils permettant la facilitation à distance et des manières de travailler adaptées. Ce n’est pas une numérisation mais bien une transformation.
Les surprises de la vie peuvent aussi avoir une face positive et ma deuxième question portait sur les opportunités que l’année a pu vous apporter.
L’arrêt des activités et les temps morts comme la transformation numérique de notre métier en ont été source. Le temps libéré, ou cette transformation de nos modalités de travail ont crée des espaces et 100% des personnes interrogées, dont moi, ont profité de cette année pour développer des compétences nouvelles, via des formations, des lectures, des expérimentations.
Certaine.s d’entre nous voient le passage au 100% virtuel comme une opportunité de remettre tout le monde au même niveau, des juniors aux seniors avec 20 ans de métier. Je partage en partie ce point de vue, en pensant cependant que 10 ou 20 ans d’expérience de facilitation ne se dissolvent pas dans Zoom et Mural. Cependant, nous avons à peu près toutes et tous eu à réinventer notre métier et à nous entraider pour y arriver et de ce point de vue, le point zéro de l’expérience datera environ de mars 2020 pour tout le monde.
Nous sommes aussi nombreux à avoir vécu une année particulièrement riche de connexions, de création de liens ou de renforcement de liens existants, en particulier avec d’autres facilitatrices et facilitateurs.
Pour ma part c’est très fort, j’ai rencontré un grand nombre de personnes et surtout développé de manière très puissante des liens de coopération, avec le sentiment que cette nouvelle manière de fonctionner en avait créé les conditions initiales : rien de tout ça n’aurait été impossible avant, mais c’est comme si la situation engendrée par la pandémie avait créé un besoin encore plus grand de ces liens humains, de ces coopérations. Comme une réaction immunitaire : le confinement nous cloisonne à la maison ? les ateliers ne sont plus permis ? Les rencontres au café impossible ? Rencontrons-nous, faisons des ateliers expérimentaux, invitons-nous à la rencontre, parlons-nous, découvrons-nous, créons des groupes d’apprentissage, de collaborations, de co-développement, …
Une camarade décrit comment nous avons eu l’opportunité de trouver des relais pour explorer ensemble nos vulnérabilités, les rendant plus collectives, les vivant de manière moins personnelles et solitaires.
Enfin, puisqu’un mot de l’année est pour moi « incertitude », nous avons bien été contraint à vivre 2020 sans pouvoir compter sur nos repères habituels, sans pouvoir nous reposer sur nos expériences passées (sans « télécharger », dirait Otto Scharmer ?).
Plusieurs camarades font ce constat partagé d’avoir su, pu (dû ?) reposer sur leur intuition et d’avoir pu mesurer que la vulnérabilité était aussi voisine de solidité, capacité d’adaptation et d’apprentissage.
Alors en arrivant à ce point, je me dis que le mot de l’année pourrait bien être « résilience », non ?
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