Constat : la bonne vieille photo de parachutistes en formation pour illustrer l’esprit d’équipe, la cohésion, voire le dépassement, ça reste une recette efficace. J’en ai encore vu une sur le site d’un cabinet de conseil récemment.
Et ça, moi, ça m’amuse. Parce qu’en s’arrêtant 2 secondes, je crois que ça en dit plus long qu’on ne croit.
Ces images sont devenues des illustrations standards du travalil en collectif, de la concentration, de l’attention à l’autre, la performance collective. Mais ce que je trouve amusant c’est que, sortis de ces images iconiques de « groupes de gens qui se tiennent la main dans le ciel », la pratique de la chute libre provoque des réactions généralement très fortes, clivantes, globalement binaires (de «😱
au secours, jamais je ferai ça » à « 😍oh la vache j’en rêve »).
Chez tout le monde ça convoque l’idée des sensations fortes, de l’extrême, de la provocation volontaire d’une mise en danger (évocation génératrice de trouille ou de délectation), et la conscience de la mort possible (un jour on m’a dit « normalement pour se suicider on ne paie pas »).
Voilà j’étais là à réfléchir à ça, car je dois bien vous l’avouer : j’avais envie d’utiliser des images de para pour faire un post sur un réseau social professionnel bien connu.
Pour que des images impactantes viennent au service de ma communication. Ca aurait de la gueule, ça attirerait l’oeil, je ferais des vues et mon message serait lu, les nouvelles missions et la gloire assurées.
Pour en arriver là, en cherchant comment illustrer un article, j’avais suivi en mode automatique ce fil tout tracé : intelligence collective ➡️ 🤼collaborations ➡️🧑🏽🤝🧑🏻🧑🏽🤝🧑🏻travail d’équipe ➡️🪂parachutisme sportif.
Sauf que je me retrouve donc à réaliser que si on en vient souvent à illustrer l’esprit d’équipe et la collaboration réussie avec des images qui disent à l’inconscient d’une majorité « 😱ahhhhhhhhhhh au secours ! », qui évoquent une activité anxiogène de mise en danger et la mort, ça n’est pas tout à fait anodin.
Moi je trouve ça marrant dans le fond, qu’on illustre ces sujets avec le risque de crash, avec des images qui dans d’autres contextent serrent le bide d’une bonne moitié de la population. J’y vois là une jolie dissonance cognitive.
Franchement, je serais psy, je rigolerais. 😂
Bon, je ne suis pas psy, je suis designer de collaborations. Il y a une différence : moi, je pose à mes clients des questions un peu plus engageantes que « et vous, vous en pensez quoi ? ».
Cette imagerie reprend aussi des clichés du management et du travail collaboratif qui me semble gentiment dépassés : dépassement, sortir de sa zone de confort, courage, (…)
La semaine prochaine je vous dirai pourquoi, malgré tout, ça n’est pas si idiot d’utiliser ces images comme métaphores du travail d’équipe. Mais pour ça on ira voir un peu derrière les clichés des années 90 et derrière les images elles-mêmes. Ca vous dit ? 🤙
🤔N’empêche, vous en pensez-quoi, vous (de cette dissonance) ?
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