« Tout commence par une interruption », a écrit Paul Valéry. J’ai été frappé par cette phrase à sa première lecture, il y a quelques années. D’emblée elle résonnait, sans que je sache mettre des mots bien clairs pour la traduire. Quelque chose me parlait.
Cette phrase est restée là, dans un coin, dans un repli de moi. Elle est restée, faisant un écho familier.
INTERRUPTION, subst. fém. − Action d’interrompre (quelque chose) ; état de ce qui est interrompu. Synon. arrêt, coupure, pause, suspension.
Une interruption, un arrêt, une suspension. Comme un point. De suspension…
Cette phrase me parlait, intellectuellement. J’en ai connu des interruptions. Et des commencements. Mais voilà que j’en prends la mesure un peu plus directement. Que cette phrase résonne.
De l’intellectuel à la résonance, nous y voilà. J’ai signé il y a quelques semaines l’acte de naissance de ma nouvelle vie professionnelle. J’ai signé une interruption, une fin d’histoire qui est le début d’une nouvelle.
Il y a quelques années (un peu plus de cinq à l’heure où j’écris ces lignes), j’avais initié une transition plus nette que d’autres avant. Après avoir été un développeur, un chef de projet technique, un patron en charge de projets web, j’étais devenu un consultant. Devenu, dans une transition assez fluide entre fondu enchaîné morphing.
Aujourd’hui est un nouveau début. En 2016 j’ai emprunté un chemin très riche en rencontres, fort en expériences, bouleversements et transformations. Plusieurs années qui m’ont conduit à ici et maintenant, à vouloir commencer autre chose. Un autre chose qui ne pouvait commencer que par une interruption.
En janvier, je vais donc changer de costumes, de bureau, de casquette, d’étendard. En janvier je quitte mon entreprise actuelle et le salariat. Je serai désormais indépendant (mais Président), toujours un consultant pour des équipes et organisations en transformations, mais aussi un facilitateur, un accélérateur de collaborations, de conversations et de transformations, un partenaire agile, un partenaire de jeu pour des collectifs ; les collaborations et l’humain au cœur des organisations seront mes sujets de prédilection. Je répondrai à de nombreux noms, jamais figé dans une case.
Pour que tout ça commence il fallait donc une interruption.
Une interruption c’est un point. Et je me rappelle que si l’on en met suffisamment (une infinité) à la suite on trace une ligne, comme celle de la vie. Je me rappelle aussi de Steve Jobs qui disait à Stanford qu’on ne peut pas connecter les points en regardant devant soit mais seulement en regardant derrière. « You have to trust that the dots will somehow connect in the future ».
Et puis je pense aussi à Matt & Gail Taylor, qui m’étaient encore inconnus il y a 3 ou 4 ans et reviennent maintenant si souvent dans ma vie, dont l’un des axiomes dit « You cannot get there from here, but you can get here from there. ». Je n’essaie pas d’aller « là-bas », j’avance juste, je découvre le chemin. Et plus tard je verrai se dessiner ce chemin depuis la-bas vers ici (et maintenant).
Maintenant, en route.
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